Pour que l’idée ne flétrisse pas, il faut l’action pour la revigorer. Pour que l’action ne tourne pas en rond, il faut l’idée pour l’enchanter. C’est peut-être là que se tisse le véritable fil noir de l’histoire tumultueuse de l’anarchisme, qui est en même temps sa proposition de lutte : auto-organisation, action directe, conflictualité permanente avec l’autorité sous toutes ses formes.
Ces Rencontres autour de publications anarchistes sont une occasion sous forme d’invitation pour celles et ceux qui sont à la recherche d’idées critiques, qui cherchent à agir, qui se révoltent contre ce monde mortifère d’oppression, d’exploitation et d’autorité. Une occasion, et un défi en même temps, pour mettre en relief ce foisonnement anarchiste qui se diffuse au travers de publications, d’agitation, de locaux, d’interventions, d’actions et de luttes – et qui exprime, en proposant la destruction du pouvoir plutôt que son aménagement, le bouleversement total plutôt que la réforme, la concordance entre moyens et fins plutôt que la stratégie politique, l’éthique plutôt que le calcul, une perspective révolutionnaire à approfondir et à défendre.
Vendredi 28 juin
// 14h – Accueil //
Toute l’après-midi : accueil des arrivées vers les Rencontres autour de publications anarchistes.
// 20h – Lances en l’air contre les mines //
Projection du documentaire autoproduit Lances en l’air contre les mines, sur les luttes contre l’extraction minière à la frontière Pérou-Equateur (40 min, 2019) en présence des compagnons qui l’ont réalisé, suivie d’une discussion.
Samedi 29 juin
// 10h – Ouverture //
Ouverture des Rencontres autour de publications anarchistes avec en permanence des stands de publications anarchistes et anti-autoritaires.
// 10h30 – Détruire ce qui nous détruit, ici et ailleurs… //
Quelles luttes contre le rouleau dévastateur du progrès ? Quelles perspectives pour combattre le monde qui en a besoin et les logiques qui le sous-tendent ?
Aux quatre coins de la planète, un maillage toujours plus serré d’infrastructures étend son emprise. Mines pour la production industrielle et technologique ; centrales, barrages, parcs solaires ou éoliens pour faire fonctionner la vorace machine étatique et capitaliste ; lignes à plus ou moins haute tension pour l’alimenter en énergie, quadrillage de l’air, de l’eau, de l’ensemble du territoire pour en transporter les marchandises (humaines ou pas), réseaux de fibre optique et d’antennes pour accélérer ses flux…
Pourtant, tout le monde n’est pas prêt à accepter sans broncher que le contrôle et l’exploitation effrénées du vivant nous empoisonnent toujours plus l’existence. Des luttes locales s’opposant à différents projets de nuisances jusqu’aux sabotages diffus de chantiers ou d’infrastructures imposés par le Pouvoir et son modèle de société, le refus et la confrontation prennent diverses formes.
Revenir sur certaines de ces expériences concrètes pourrait être une occasion parmi d’autres de mettre en discussion des questions incontournables telles que par exemple : comment relier une opposition contre une nuisance particulière à la remise en cause de la domination ; quelles propositions pour ne pas se cantonner à la défense d’un bout de territoire et faire vivre un rapport d’offensive plus général ; comment nouer des complicités sur des bases claires d’auto-organisation et d’action directe ; quelles manières d’affronter la récupération réformiste et les alliances stratégico-politiques et autoritaires ; quelles idées pour étendre et approfondir le conflit ?…
// 15h30 – Des mots pour propager les idées //
Depuis toujours, un des aspects qui caractérisent les anarchistes est d’intervenir directement au sein de la conflictualité sociale sur leurs propres bases anti-autoritaires, sur leurs propres inspirations subversives. Qu’il s’agisse d’une lutte spécifique (contre tel ou tel projet mortifère de la domination : une prison ici, une ligne TGV ou une rocade d’autoroute là-bas) ou encore d’un mouvement de révolte social plus large, porter un discours offensif contre le pouvoir et inconciliable avec toute autorité nécessite le fait de s’en donner les moyens : tracts, affiches, banderoles, tags ou journaux sont autant de possibilités pour briser la normalité. Pour ce faire se pose alors la question du langage : à l’heure où la technologie tend à façonner nos vies et nos relations, où la politique tend à écraser toute expression sauvage et subversive qui s’adresse à la rue, imaginer des manières d’articuler idée et action demeure toujours autant d’actualité.
// 20h30 – Musique surprise //
Comme son nom l’indique !
Dimanche 30 juin
// 10h – Ouverture //
Réouverture des Rencontres autour de publications anarchistes avec en permanence des stands de publications anarchistes et anti-autoritaires.
// 10h30 – L’intervention anarchiste dans les révoltes sociales //
Retours sur la lutte dite des « gilets jaunes ».
Déjà en 2012, lors de rencontres anarchistes internationales à Zurich, la question était posée de savoir quelle intervention anarchiste envisager dans des mouvements de contestation suite à une détérioration rapide des conditions de survie ; des mouvements hétérogènes, agrippés aux reliquats de l’État social, cherchant un nouveau compromis démocratique, mais aussi l’expression d’une révolte face à une exploitation plus intense et une gestion plus brutale. La lutte dite des « gilets jaunes » débutée le 17 novembre en France (et présente à La Réunion et en Belgique) a pris de court. Non pas qu’une telle révolte n’était pas attendue, mais qu’elle tardait à venir, et qu’elle a – au moins au début – ringardisé les habituels mouvements sociaux encadrés par les syndicats et la gauche en général.
Nous proposons de discuter des possibilités d’intervention (ou non) dans ces luttes, en partant d’un bref retour sur l’expérience locale caennaise. Tandis que certains compagnons et compagnonnes ont préféré rester en retrait, d’autres ont fait le choix d’une participation active ou plus distanciée. Des textes mettant sur la table les contradictions du mouvement ou visant à approfondir la critique ont été diffusés, des gestes ont contribué à la lutte etc. Ici comme ailleurs, les contradictions ont parfois pesé lourd, de la figure d’extrême-droite ayant une position stratégique aux petits bureaucrates d’Internet, en passant par la reprise en mains progressive des tendances les plus citoyennes. Sans parler d’une répression très dure qui a largement contribué à freiner la révolte. Mais il y a eu aussi de belles rencontres et de beaux gestes, avec son lot de destruction, ses blocages économiques, ses affrontements. Nous proposons d’échanger autour des différentes expériences vécues dans et autour de cette lutte.
De manière plus globale, il semble que cette révolte ait contribué à faire tomber les masques, les classes dirigeantes et leurs défenseurs allant jusqu’à appeler à tirer sur la foule, au besoin par l’Armée. Il est dès lors nécessaire d’en discuter, de partager nos retours, nos doutes et nos espérances, pour mieux saisir ce genre de situations et renforcer nos capacités d’agir.
// 15h30 – Hors sujets //
Ces discussions qu’on aimerait encore avoir. Apporte tes propositions !
Infos pratiques
La Pétroleuse se trouve à 40 min à pied du centre-ville. Une navette autonome est prévue devant la gare (sortie Rives de l’Orne) le vendredi à 14h, 16h et 18h ainsi que le samedi à 10h. Il est possible d’appeler le 06 16 96 30 33 à partir du vendredi.
Cantine autogérée sur place tout le week-end.